samedi 31 mars 2018

Marc Dugain - Ils vont tuer Robert Kennedy

Ce livre est le premier de Marc Dugain que je lis et j'ai été subjuguée par sa maîtrise de la langue française, dans tous les domaines. Ses phrases sont magnifiquement bien construites, même lorsqu'elles sont longues; les mots sont choisis avec soin et délicatesse malgré la difficulté du récit. Depuis très très longtemps, j'étais à la recherche d'une telle plume à la fois fluide, sensible, et surtout terriblement percutante.

Malgré certaines longueurs, certaines répétitions, je n'ai pas pu lâcher ce livre alors que j'ai eu beaucoup de mal à adhérer à l'histoire.

Les thèses complotistes concernant les assassinats de deux frères Kennedy, Jack (dit John) et Robert (dit Bobby), respectivement en 1963 et 1968 sont nombreuses. Ce récit en évoque une autre, ou d'autres, mêlant à la fois psychologie, histoire et schizophrénie.

Ces théories ne m'ont pas convaincue, loin de là, mais ce n'était sans doute pas le but de ce livre. 

Ce qui m'a convaincue, en revanche, et même plus que ça, c'est le talent de narrateur et d'écrivain de Marc Dugain. J'attendrai un moment avant de lire un autre de ses livres, mais j'en lirai d'autres, sans aucun doute! 

Quelques mots de l'histoire: Mark, professeur d'histoire à Vancouver, est persuadé que la mort de ses parents à un an d'intervalle, dans des circonstances particulières, est liée à l'assassinat de Robert Kennedy. Le récit de l'assassinat de JFK et de RFK ainsi que de leurs aventures extraconjugales réelles ou supposées, les possibles complots et les évènements historiques de l'époque se succèdent de page en page. Entretemps, les tourments de Mark représentent l'autre côté de l'histoire. Faits avérés? Schizophrénie? Au lecteur de se faire son propre avis.

Pour conclure, je vous livre deux citations qui m'ont particulièrement marquée:

  • Le seul pays (l'Amérique) parvenu à l'âge adulte en moins de deux siècles, là où d'autres ont mis des millénaires à mûrir, ne voit que des nations infantiles autour de lui, prêtes à sombrer dans des considérations idéologiques puériles sur l'avenir de leur société.

et

  • Toujours selon elle (Hélène), l'élection, à peine dix ans plus tôt, de François Mitterrand, ancien collaborateur et résistant présumé, homme profondément à droite par sa culture et nombre de ses convictions, élu sous une étiquette socialiste alors qu'il avait pour le peuple l'exquise condescendance du pervers pour sa proie, exerçant sa fonction présidentielle comme le dernier des Capétiens, entouré d'une cour de grands bourgeois convaincue qu'un élan du coeur vaut mieux qu'une aumône qui vaut mieux qu'un partage, cette élection, trente-six ans après la libération, donnait à elle seule la mesure de la confusion schizophrène qui s'était emparée du pays depuis la fin de la guerre.
 





Marc Dugain, Ils vont tuer Robert Kennedy, Editions Gallimard, 2017, 398 pages