lundi 27 février 2012

Ian McEwan - Sur la plage de Chesil

Après avoir vu "Atonement" (ou plutôt "Expiation") au cinéma, adaptation d'un livre de Ian McEwan, je me suis dit que je devais absolument le lire, ce que je n'ai pas encore fait.

Mais, au détour des dédales d'une librairie parisienne bien connue, je tombe nez à nez avec ce roman qui, à la vue de la couverture, me plaît déjà!

Ce livre raconte l'histoire de Florence et Edward, jeunes mariés du début des années 60, qui passent leur nuit de noces dans un hôtel près de la plage de Chesil. Malheureusement, leur nuit de noces n'est pas si idyllique que cela. Florence n'a pas envie de faire l'amour avec son jeune mari, Edward, en revanche, désire sa jeune femme plus que tout. Cette lune de miel dans un si joli endroit va tourner au fiasco.

L'histoire ne se résume pas aux tourments sexuels tabous des années 60, elle montre également les difficultés de communication entre deux personnes qui, même mariées, n'osent pas s'avouer leurs envies ou leur manque d'envie, de peur de blesser l'autre. C'est une nuit de noces où finalement les protagonistes n'ont pas grand chose à se dire: tous deux ont des angoisses quant à leur avenir, mais, par peur de la honte que pourrait éprouver l'autre, ils se taisent, inlassablement. Toute la trame tourne autour de non-dits qui finissent par gâcher la vie de deux personnes car, en fin de compte, tout oppose Edward et Florence: il a fait des études d'histoire et travaille pour le père de Florence, il vient d'un milieu modeste pas vraiment stable; elle est une violoniste extrêmement douée, dotée d'un QI de 150, elle est née dans une famille bourgeoise très aisée.

Je n'ai pas envie de résumer plus longtemps ce livre parce que je pense qu'il faut le lire, même s'il est lent et triste. Quelque part, il raconte une très belle histoire d'amour...







Ian McEwan, Sur la plage de Chesil, Editions Gallimard, Collection Folio, 2010, 177 pages

dimanche 26 février 2012

Josiane Balasko - Cliente

Lors de la sortie de livre, je me suis dit "encore un bouquin d'acteur!" et j'avais un a priori plutôt négatif. Et bien je me suis totalement trompée!

Il y a quelques semaines, j'ai vu le film "Cliente" dont le scénario est tiré mot pour mot du roman éponyme. J'ai ensuite acheté le livre, me disant qu'il y aurait des détails supplémentaires qu'il est parfois difficile de transposer dans un film. Malheureusement, ce n'est pas le cas, et cela sera là ma seule critique.

En effet, le style est fluide, moderne et très agréable à lire.

Fanny et Marco sont mariés depuis 4 ans, ils s'aiment mais vivent toujours chez Maggy, la maman de Fanny, faute d'argent. Fanny tient un salon de coiffure avec son amie Rosalie et Marco fait des chantiers avec son ami Toutoune qui n'est autre que le mari de Rosalie. Tout reste donc "en famille". Mais les fins de mois sont difficiles, très difficiles! Marco décide alors un peu par hasard de jouer à l'escort boy pour pouvoir gagner (pas mal) d'argent et ainsi payer les traites du salon de coiffure de Fanny ainsi que les "menues" dépenses de Maggy et Karine, la soeur de Fanny.

Chez Mémée, sa grand-mère, Marco dispose d'une chambre de bonne où il a installé son ordinateur et créé sa page internet et où il se transforme en Patrick, escort boy de charme.

Un jour, il rencontre Judith, dame de 51 ans, qui s'offre un jeunot de temps en temps. Belle, femme d'affaires, bcbg, elle est une femme seule, divorcée de Lucas qui, lui, a refait sa vie. Irène, la sœur de Judith, travaille avec elle dans leur entreprise de téléachat. Elle croit au grand amour et même si elle a dépassé la cinquantaine, elle reste persuadée que ce grand amour est quelque part, peut-être pas si loin que ça... et elle le rencontre en la personne de Jim, lors d'une présentation d'un tipi pliable... tout un programme!

Entre Judith et Patrick, la relation s'étoffe petit à petit, elle prend même une autre dimension, jusqu'à ce que Fanny découvre le pot aux roses...

Loin du pathos et des clichés habituels dans ce domaine, l'auteur traite ici d'un phénomène de société sans doute bien plus répandu que nous l'imaginons: le sexe contre de l'argent, autrement dit de la prostitution de "classe", dans des palaces ou dans des parkings...

Jusqu'où peut-on aller pour de l'argent, que peut-on accepter par amour? Tout cela est écrit, décrit et traité de manière originale, sans mélo ni voyeurisme, mais avec justesse tout en gardant la simplicité et la complexité des relations entre les personnages.

Ce roman est une jolie réussite, même si ce n'est certes pas le roman du siècle, mais il faut la peine d'être lu.







Josiane Balasko, Cliente, Le livre de poche, 2005, 250 pages

Michel Layaz - La joyeuse complainte de l'idiot

La couverture naïve m'a tout de suite plu, le titre également. Je ne me doutais pourtant pas que ce livre serait si profond et si intéressant!

L'auteur raconte l'histoire de la Demeure, une institution qui héberge des personnes inadaptées, qui n'ont pas de place bien définie dans la société. C'est aussi l'histoire de Madame Vivianne, avec deux "n", qui, avec ses méthodes d'éducation, nous montre que ces enfants "différents" regorgent de trésors enfouis au plus profond d'eux-mêmes et qui se révèlent être de réels atouts!

Elle demande à l'un des pensionnaires d'écrire un livre sur la Demeure afin de garder une trace de leur "passage". Ce résident prend cette mission très à cœur et, au fur et à mesure des chapitres, nous fait découvrir tous les personnages (souvent hauts en couleurs!) qui font de la Demeure un endroit si particulier et si cher pour ses employés et résidents. Mais, car il y a un mais, la Demeure a du mal à survivre. Il faut trouver de l'argent et ... un nouveau directeur ...

Ce roman est touchant, émouvant, drôle, acide, cynique, juste, frais, ludique, étonnant, passionnant! Vous l'aurez compris, j'ai adoré cette "petite" histoire qui est si riche et si intense.

Totalement décalé par son histoire, mais aussi par son écriture, ce roman a tout pour plaire et je ne manquerai pas de lire un autre ouvrage de cet auteur.






Michel Layaz, La joyeuse complainte de l'idiot, Editions Points, 2011, 155 pages

mercredi 1 février 2012

Andrea Camilleri - Le tailleur gris

Vous savez que mon genre de roman préféré est le roman policier. Comme je n'avais pas encore lu de roman du "Sud" (en opposition au polar nordique en vogue ces dernières années) et comme, d'après les critiques, Andrea Camilleri est un maître du genre, j'ai donc acheté "Le tailleur gris" parce que la couverture me plaisait, tout simplement!

Au fil de la lecture, il s'est avéré qu'il ne s'agit pas d'un roman policier, mais d'un roman noir qui raconte l'histoire d'un banquier qui prend sa retraite. On ne connaît pas son nom, on sait qu'il est veuf, et qu'il s'est marié en secondes noces avec Adèle, bien plus jeune que lui, veuve elle aussi.

Adèle, jeune femme mondaine, très mondaine, fréquente Daniele et le fait installer dans la chambre conjugale dont elle a chassé son époux légitime sous prétexte qu'il ronfle. Le héros n'est pas dupe de ce ménage à trois (ou même à deux, puisque lui ne compte plus vraiment), mais laisse faire. Arrive ensuite l'heure de la retraite et des ennuis de santé. Adèle lui montre alors tout son amour... 

Roman noir par excellence où l'on comprend dans l'épilogue la signification du tailleur gris, ce livre a été écrit d'une main de maître. Le style est fluide, précis, parfois précieux mais jammais prétentieux. L'histoire est sombre, noire, triste et pourtant très réelle. En lisant ce livre, j'ai eu l'impression de retomber dans ces films en noir et blanc des années 60.

Le dénouement est malheureux et n'a rien à avoir avec une "happy end" à l'américaine et cela humanise encore un peu plus l'histoire.

Tous ces éléments m'ont fait apprécier et aimer ce livre même si, contrairement à ce que je pensais, ce n'est pas du tout un roman policier!






Andrea Camilleri, Le tailleur gris, Editions Points, Collection Points Romans Noirs, 2011, 182 pages